Lorsqu'on discute "carpe" avec ses ami(e)s pêcheurs, on se rend compte que certains carpistes ignorent les différents habitats des carpes et leurs spécificités. Les carpes nagent dans des eaux multiples, qu'il s'agisse d'étang, lac, rivière... Ces lieux ne procurent pas les mêmes aliments naturels, du moins pas aux mêmes endroits, ni en même quantité.
Un habitat au sens de la carpe, est un lieu qui regroupe plusieurs caractéristiques (espèces animales et végétales, fonds, climat, profondeur, nourriture...) pour que le poisson puisse vivre et se reproduire. Selon le type d'habitat dans lequel vous pêchez, les appâts, la technique, et au sens large l'ensemble des conditions de pêche, sont différentes d'un lieu à l'autre.
Il arrive que les carpistes se demandent pourquoi ils font des capots à répétition, pourquoi les résultats ne sont pas au rendez-vous lorsqu'ils pêchent la carpe : parfois cela est tout simplement lié au manque de compréhension (connaissance) du lieu, et à une technique qui n'est donc pas adaptée. Parcourons ensemble une liste des habitats dans lesquels nous retrouvons les carpes.
1 - Les étangs privés et publics
La carpe est un poisson d'eau douce, elle nage donc dans des lieux où l'eau n'est pas salée ("merci pour cette découverte !"). Les étangs sont de deux ordres. Ils peuvent être artificels, c'est-à-dire créés par l'homme uniquement dans un but précis (pêche, réservoir d'eau), ou bien naturels, autrement dit un étang creusé naturellement au fil du temps. Qu'il soit privé ou public, un étang est un concentré d'eau stagnante.
Cet habitat que l'on retrouve partout en France, dans le monde (et que nous prenons plaisir, entre autres, à référencer sur Passion Carpe !) est par définition plus petit qu'un grand lac naturel. L'activité y est concentrée, les carpes sont très sollicitées, il faut faire preuve de technique, patience, et comprendre les spécificités d'un étang pour pêcher au mieux.
Certains étangs fournissent plus de nourriture naturelle riche (faune, flore) aux carpes. Les étangs peuvent être exploités en privé ou en public, d'autres plus rares et plus sauvages, sont laissés au bon vouloir de "dame nature !" Dans les étangs de pêche à la carpe, nombreux sont les obstacles (nénuphars, arbres immergés, rosières...) qui rendent l'habitat différent d'un lieu à l'autre, et modifie les approches et techniques de pêche.
Dans un environnement fermé, où l'eau est stagnante et le courant limité, les poissons ne se nourrissent pas de la même manière. Renseignez-vous sur la pression de pêche, le cheptel, les conditions naturelles de vie, n'hésitez pas à discuter avec les autres pêcheurs et avec le gestionnaire ou propriétaire de l'étang s'ils se trouvent sur place. Leurs conseils sont précieux !
2 - Les grands lacs
Un lac peut se définir comme une vaste étendue d'eau, traversée par un cours d'eau. Souvent entouré de terre, massifs montagneux, ou plaines, ce qui différencie un lac d'un étang, est que le lac est toujours traversé par un cours d'eau (tandis que l'étang, lui, est alimenté). L'idée reçue, dans l'esprit d'un pêcheur, est qu'un lac se distingue par sa superficie et sa profondeur, beaucoup plus grandes en tous points qu'un étang. Et bien non ! C'est le fait d'être traversé par un cours d'eau qui constitue la spécificité d'un lac. Ainsi, un lac peut parfois être plus petit qu'un étang !
L'eau des grands lacs est elle aussi stagnante, même si le cours d'eau permet de mieux la "brasser." L'activité des carpes y est beaucoup plus étendue. Lorsqu'on aborde un lac, il faut être conscient des multiples couches d'eau (comme les étages d'un immeuble) qui le composent. On parle d'ailleurs de stratification pour définir ces couches. En tant que carpiste, vous devez savoir que l'eau de la couche la plus profonde est naturellement plus froide que l'eau de la couche supérieure. Ainsi, en fonction des saisons (hiver, été) la carpe qui est un animal à sang froid, choisira de nager dans une eau qui lui correspond. A noter que certains courants bousculent leurs habitudes lorsqu'elles nagent en profondeur.
Les lacs représentent tout autant des coins de paradis pour pêcher la carpe. Il s'agit toutefois d'un habitat complexe, dont il faut comprendre les spécificités (courants, profondeur, biotope) pour réussir au mieux sa session de pêche, là-bas... (rassurez-vous, on ne compte pas vous glisser les paroles des "Lacs du Connemara" en fin d'article !)
3 - Les gravières et ballastières
Une gravière est une carrière creusée au fil du temps par l'homme pour extraire des granulats. En fin de vie, elle évolue souvent en mare ou étang. Il s'agit donc d'une zone de pêche créée artificiellement par l'homme. La plupart des gravières et ballastières forment à la fin de leur exploitation de grandes étendues d'eau (en moyenne supérieures à 8 hectares). L'eau est bleue, par la présence d'un plancton particulier, mais surtout par le filtrage naturelle de l'eau de pluie réalisé par les pierres, cailloux et sable au fond de l'étang. Une charge minérale forte, qui procure une eau de bonne qualité.
Les gravières et ballastières sont comparables à l'eau des étangs privés et publics (pour comprendre la différence entre étang privé et public, nous vous renvoyons vers cet article). Comme bien souvent les gravières sont plus grandes (de par leur exploitation) qu'un étang, leurs spécificités pour une activité de pêche sont légèrement différentes. En gravières, les carpes concentrent leurs activités sur des zones spécifiques, qui peuvent varier en fonction du jour ou de la nuit.
Les îlots, rochers, hauts-fonds, bordures, en bref toutes les composantes topographiques de ce type d'habitat sont à exploiter. Une gravière est bien souvent un lieu "récent" dans l'histoire, car créé par la main de l'homme, le nombre de carpes peut donc être limité, la nourriture très riche, ce qui rend la pêche plus difficile ! Deux types d'approches sont privilégiées pour une pêche en gravière : une pêche à la carpe au spot sans pré-amorçage (appât isolé), ou une pêche avec amorçage à long terme ALT (dépend de votre session). Quoi qu'il en soit, nous vous recommandons d'écarter vos lignes (sans gêner vos voisins de pêche !) car vous aurez bien souvent plus de départs sur des spots écartés.
4 - Les rivières
("C'est le décor..." on n'a dit non !) Une rivière est un habitat bien distinct des autres univers dans laquelle la carpe évolue. Le lit d'une rivière est souvent large, et le débit de l'eau rapide. Beaucoup de courant, permettant à la carpe de parcourir plusieurs kilomètres sans jamais être stoppée par une quelconque bordure. Une profondeur souvent réduite : voilà qui change radicalement les conditions de pêche à la carpe !
L'eau de la rivière circule sur la base d'une relief naturel (en pente). A l'inverse de l'eau des étangs, lacs et gravières qui est dite "stagnante", celle des rivières est "courante", ce qui signifie que l'eau circule en suivant un chemin déterminé. Ce type d'habitat est particulièrement apprécié de certains carpistes, car un poisson, même plus petit, peut être beaucoup plus combatif ! Les carpes fournissent des efforts plus importants pour se nourrir et se déplacer, elles sont taillées pour nager dans le courant, et sont donc plus à même dans découdre !
Toutefois, les carpes en rivière sont mobiles. Ce qui rend la partie de pêche complexe... Une carpe (ou activité) repérée la veille, peut déjà se trouver loin le lendemain matin. Le repérage, la localisation des poissons, est donc une étape promordiale lorsque vous pêchez la carpe en rivière. Sachant que les carpes remontent le courant pour se nourrir, les spots à privilégier sont les nénuphars, herbiers, arbres immergés, qui constituent un garde manger naturel. Une pêche en amorçage long terme (ALT) peut être intéressante si vous vous trouvez dans une zone de retenue. Un pêche à la carpe au stalking (à vue) peut également procurer de bonnes sensations. Rester discret et observateur sont les maîtres mots d'une pêche à la carpe en rivière...
5 - Les fleuves
Souvent des lits plus vastes encore que ceux des rivières, les fleuves ont la particularité de se jeter dans un océan ou une mer. C'est bien ce qui les distingue des autres types d'habitat. La technique de pêche à la carpe en fleuve est sensiblement la même que celle en rivière. A ceci près qu'à l'embouchure (partie finale du fleuve qui rejoint la mer), l'eau est souvent salée. L'eau douce se mélange à l'eau salée, et les carpes ne sont pas particulièrement fan de ces zones. Vous la trouverez plus en train de grignoter un casse-croûte en amont, dans un herbier...
Selon le fleuve et les conditions météorologiques, l'eau peut être à un certain niveau, d'une certaine couleur (parfois translucide), autant de détails importants lorsqu'on décide de pêcher la carpe en eau sauvage. Une campagne de pré-amorçage peut constituer une bonne approche, si vous avez la possibilité de revenir sur zone quelques jours plus tard. Vous constaterez les restes, si les fonds ont été labourés, les pierres retournées... bref s'il y a du fish ! Arriver à piéger des poissons en fleuve est une bonne expérience, qui vous fera progresser dans votre technique de pêche à la carpe.
6 - Les canaux
Dernier habitat dans lequel il est possible de trouver la carpe, les canaux sont des cours d'eau construits artificiellement par la main de l'homme, pour permettre aux bateaux de naviguer. Il s'agit donc de voies de navigation artificielles, mais dans lesquelles les poissons nagent et se nourrissent. Caractérisées par une eau courante lente, l'activité n'en est pas moins très animée ! Les poissons ont l'habitude de suivre le sillage des bateaux, qui brasse les fonds et libèrent de la nourriture naturelle. Sachant que la carpe est un poisson opportuniste, ne soyons pas surpris de la retrouver dans un tel contexte !
Le sillage des bateaux produits des remous, ces mouvements procurent aux carpes un vaste champ de nourriture. De plus, les canaux sont réguler par des écluses, ce qui permet à l'eau de s'écouler lentement d'un espace à l'autre. Attention ! Nous vous rappelons que toute pêche est interdite à partir des barrages et des écluses, ainsi que sur une distance de 50 m en aval de l'extrémité de ceux-ci, à l'exception de la pêche à l'aide d'une ligne.
Il existe plusieurs milliers de kilomètres de canal en France, dérivation, jonction, navigation... les fonds sont souvent vaseux (végétaux en décomposition) ou "cycleux" (vélos en décomposition - bah quoi...). Les canaux sont un habitat difficile à pêcher pour plusieurs raisons. Outre le fait que l'on croise le long des berges beaucoup de marcheurs, sportifs, qui font beaucoup de bruit en passant, un canal est un chemin de hallage non motorisé : préparez-vous à marcher avec votre matériel !
Pas le choix en canal de repérer le poisson avant de pêcher. Ne comptez pas sur le passage hasardeux d'une carpe pour trouver votre appât, vous risqueriez d'attendre longtemps ! Soyez aguérris, observateur : scruter les berges, identifier le moindre indice, est un gage de réussite. Si vous avez la possibilité de retourner sur zone, n'hésitez pas à tester un amorçage ALT. Astuce : munissez-vous de back leads pour couler vos lignes, côté discrétion il n'y a pas mieux, et ça paye !
Ce qu'il faut retenir :
- Un habitat regroupe plusieurs caractéristiques. En fonction du type de lieu dans lequel vous pêchez, les techniques de pêche et approches peuvent être différentes.
- Vous devez apprendre, en tant que pêcheur, à vous intégrer autant que la carpe dans son habitat.
- Les eaux stagnantes et courantes n'apportent pas les mêmes typologies de poissons (carpes plus combatives en eau courante)
- Observation, patience, technique et détermination seront vos meilleurs alliés !