Une idée que beaucoup de pêcheurs aujourd'hui réfutent, mais que d'autres partagent : amorcer massivement lors d'une pêche à la carpe serait gage de réussite. Pêcher la carpe en amorçant abondamment (on parle de "benner") apporterait plus de prises potentielles ? Amorcer lorsqu'on pêche la carpe est vivement recommandé, mais dans quelles conditions, dans quelles mesures ?
Bouillettes, graines... lors d'une session de pêche à la carpe, on peut être tenté d'amorcer lourd, pour augmenter les chances d'attirer plus vite le poisson dans son épuisette. Une stratégie de "benner" sans retenue est devenue l'habitude de certains carpistes, à tel point que beaucoup d'étangs interdisent cette pratique jusque dans leur règlement de pêche. En effet, pourquoi une telle stratégie ? Pour ou contre les amorçages massifs lors d'une pêche à la carpe ? Voyons ça de plus prêt.
1 - Définition d'un amorçage massif lors d'une pêche à la carpe
L'amorçage est une technique chaudement recommandée lors d'une pêche à la carpe. Pour attirer le poisson, il faut lui "donner envie", et au-delà de l'appât (qu'on espère tous qu'elle trouve !) la carpe gourmande se laisse facilement tenter lorsque ses babines s'activent. Mais lorsqu'on parle d'amorçage, on ne doit pas forcément avoir en tête un amorçage de masse, où "benner" pour "benner" devient vite une habitude, et surtout une action contre-productive.
On parle d'amorçage massif lorsqu'on arrive à 10-12 kg de bouillettes ou 20 kg de graines par jour. Attention, c'est une définition que l'on donne à titre d'exemple, que certains d'entre vous ne partageront pas forcément (plus pour certains carpistes, bien moins pour d'autres). Lors d'une pêche à la carpe, il n'est pas rare de voir son voisin utiliser le bateau amorceur toutes les quinze minutes, pour ajouter plusieurs kilos d'amorce. Le but de l'opération ? (on vous laisse y répondre).
Amorcer, c'est bien, mais "amorcer juste et correctement" c'est mieux !
2 - Choisir la bonne approche "amorçage" pour pêcher la carpe
Tenir compte de la pression de pêche est un point essentiel lors d'une stratégie d'amorçage. Si l'étang dans lequel vous pêchez la carpe est surpêché, inutile de "benner" des quantités énormes de bouillettes ou graines. Le nombre de pêcheurs étant important, les carpes subissent un stress de pêche qui les rendent moins gourmandes. Les appâts et amorces au fond de l'eau sont multiples (formes, parfums), et la carpe ne sait clairement plus "où donner de la tête !"
Tenir compte de la météo est toujours important dans la pêche, mais on peut y inclure aussi sa stratégie d'amorçage. Par exemple, si la météo annonce une forte dépression dans les quelques jours suivant le début de sa session de pêche à la carpe, il peut être intéressant d'amorcer davantage pour "préparer le spot." La dépression va rendre les carpes très actives d'un coup, et votre stratégie peut alors porter ses fruits. On ne dit pas qu'il faut "benner" massivement ! Mais si vous êtes carpistes, et que vous aimez balancer plus d'amorce, ce type de scénario peut s'avérer payant. Toutefois, il faudra vous armer de patience, car les touches ne seront pas forcément au rendez-vous dès le début de votre session de pêche.
3 - Ça déroule aussi côté budget...
Pour les carpistes qui prennent l'habitude de "benner" leur amorce, le coût d'une telle stratégie est exorbitant. Oui cela coûte très cher, pour une stratégie qui n'est pas forcément la meilleure. Même pour les pêcheurs qui roulent leurs propres bouillettes, l'addition grimpe très vite. Une bonne préparation revient à environ 4 euros le kilo, soit 40-50 euros par jour "bennés" dans l'étang ou le lac ! A cela s'ajoute les frais de matériel et accessoires de campement, la nourriture, l'emplacement pour ceux qui pêchent en étang privé. Si on fait le calcul...
Les graines sont un appât moins cher, mais plus difficiles à amorcer et plus contraignantes à transporter. De plus, elles demandent un effort de préparation (les bouillettes aussi) précis, car de la qualité de la cuisson dépend directement la santé des carpes.
4 - Alors, pour ou contre l'amorçage massif ?
Il est clair qu'un amorçage massif n'a jamais été très efficace lors d'une session de pêche à la carpe. Dans la majorité des cas, ce n'est pas la meilleure approche à privilégier. N'oublions pas qu'il s'agit de leurrer le poisson, d'observer les lieux, de le débusquer pour ensuite déterminer une bonne stratégie de pêche. En tant que carpiste, vous aurez plus de chance de trouver la perle rare en privilégiant quelques poignées de bouillettes sur un montage parfaitement réalisé, que de "benner" de l'amorce. L'excès d'amorce est d'ailleurs bien souvent contre-productif dans la mesure où la carpe sera gavée et mettra plus de temps à tomber sur votre appât.
L'amorçage progressif peut être une bonne alternative entre le "trop" et le "pas assez." Nous vous recommandons de pêcher en début de session avec quelques billes placées à côté de vos appâts, mais aussi entre vos lignes tendues. Cette technique permettra aux carpes de s'habituer à votre amorce, de goûter les billes (sans se gaver) et de se rapprocher petit à petit de vos esches. Si les touches ne sont pas au rendez-vous, plutôt que de "benner" dans l'espoir qu'elles mordent, préférez un amorçage uniquement avec quelques billes mais plus précisément sur vos appâts.
Trop d'amorce balancée dans l'eau contraint le pêcheur à ne plus trop savoir ce qu'il se passe sous l'eau... Il ne sait pas si les carpes sont là, si elles sont loin de ses appâts, si elles auront encore faim d'ici quelques heures. En bref, un amorçage massif fait perdre le contrôle de sa session de pêche. Et autant dire qu'une fois 10-12 kg de bouillettes "bennées" dans l'étang, il est trop tard pour en enlever !
Ce qu'il faut retenir :
- "Benner" pour "benner" ne sert à rien, et joue même un rôle contre-productif.
- Les étangs et gardes de pêche sont de plus en sensibles et réfractaires à l'amorçage massif.
- En moyenne, au-delà de 10-12 kg d'amorçage par jour, on parle d'amorçage massif.
- Tenir compte de facteurs tels que la météo ou pression de pêche est important.
- Mieux vaut un amorçage progressif, juste et correct, plutôt qu'un amorçage massif.